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qui sont arrêtées, elles sont d’un grand prix, et ce sont véritablement de beaux ouvrages. À quel sujet ai-je rapporté ceci ? au sujet des opinions vraies. En effet les opinions vraies, tant qu’elles demeurent, sont une belle chose, et produisent toutes sortes [98a] d’avantages ; mais elles ne veulent guère demeurer longtemps, et elles s’échappent de l’âme de l’homme : en sorte qu’elles ne sont pas d’un grand prix, à moins qu’on ne les arrête en établissant entre elles le lien de la cause à l’effet. C’est, mon cher Menon, ce que nous avons appelé précédemment réminiscence. Ces opinions ainsi liées deviennent d’abord sciences, et alors demeurent stables. Voilà par où la science est plus précieuse que l’opinion vraie, et comment elle en diffère par l’enchaînement.

MENON.

Par Jupiter, il paraît bien, Socrate, que c’est quelque chose d’approchant.

[98b] SOCRATE.

Je n’en parle pas non plus comme un homme qui sait, mais je conjecture. Cependant lorsque je dis que l’opinion vraie est autre chose que la science, je ne pense pas tout-à-fait que ce soit là une conjecture. Si je pouvais dire de quelque chose que je la sais, et je l’oserais de bien