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SOCRATE.

C’est que tu n’as pas fait attention aux statues de Dédale[1] : peut-être n’en avez-vous pas chez vous ?

[97e] MENON.

À quel propos dis-tu cela ?

SOCRATE.

Parce que ces statues, si elles n’ont pas un ressort qui les arrête, s’échappent et s’enfuient, au lieu que celles qui sont arrêtées demeurent en place.

MENON.

Qu’est-ce que cela fait ?

SOCRATE.

Ce n’est pas une chose bien précieuse ; d’avoir quelqu’une de ces statues qui ne sont point arrêtées, comme d’avoir un esclave fuyard ; car elles ne restent point en place. Mais pour celles

  1. Voyez l’Euthyphron, le premier Alcibiade, Callistrat., VIII ; Euripide, Hécube, v. 838 ; et le Scholiaste. L’explication de ce conte populaire est que Dédale, dans sa première manière, avait terminé ses statues à l’égyptienne, en leur donnant des pieds joints ensemble, ou même, au rapport de Pausanias, au lieu de pieds une figure carrée ; tandis que plus tard il sépara les pieds de ses statues, et les fit marcher, pour ainsi dire. Probablement les statues de sa première manière étaient fort recherchées par leur ancienneté et leur singularité même.