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endroit qu’il te plaira, se mettait lui-même dans cette route, et servait de guide à d’autres ; n’est-il pas vrai qu’il les conduirait bien ?

MENON.

Sans doute.

[97b] SOCRATE.

Mais un autre qui se ferait une opinion juste de ce chemin, quoiqu’il n’y eût pas été et qu’il ne le sût pas, ne conduirait-il pas bien aussi ?

MENON.

Assurément.

SOCRATE.

Et tandis qu’il aura une opinion vraie sur les mêmes objets, dont l’autre a une pleine connaissance, il ne sera pas moins bon conducteur que lui, quoiqu’il atteigne le vrai, non par la science mais par conjecture.

MENON.

Soit.

SOCRATE.

Ainsi l’opinion vraie ne dirige pas moins bien que la science par rapport à la rectitude d’une action. Et voilà ce que nous avons omis d’examiner dans notre recherche sur les propriétés de la vertu, quand nous avons dit [97c] que la science seule apprend à bien agir, tandis que l’opinion vraie produit le même effet.