Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/664

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous occupe depuis longtemps, Menon et moi. Examine ainsi la chose selon tes propres paroles : ne conviendras-tu pas [93c] que Thémistocle était un citoyen vertueux ?

ANYTUS.

Oui certes, et de la plus haute vertu.

SOCRATE.

Et conséquemment que, si jamais quelqu’un a pu donner des leçons de sa propre vertu, il était un excellent maître de la sienne ?

ANYTUS.

Je le pense, s’il l’eût voulu.

SOCRATE.

Mais crois-tu qu’il n’eût pas voulu former d’autres citoyens, et principalement son fils ? ou penses-tu qu’il lui portât envie, et que de dessein prémédité il ne lui ait pas transmis [93d] la vertu dans laquelle il excellait ? N’as-tu pas ouï dire que Thémistocle apprit à son fils Cléophante à être un bon cavalier ? Aussi se tenait-il debout sur un cheval, lançant un javelot dans cette posture, et faisait-il d’autres tours d’adresse merveilleux, que son père lui avait enseignés, l’ayant rendu également habile dans toutes les autres choses qui sont du ressort des meilleurs maîtres. N’est-ce pas là ce que tu as entendu raconter à nos vieux citoyens ?