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toutes sortes de raisons. Car, en premier lieu, il est né d’un père riche et sage, nommé Anthémion, qui ne doit point sa fortune au hasard, ni à la libéralité d’autrui, comme Ismémas le Thébain, lequel a hérité depuis peu des biens de Polycrate ; mais qui l’a acquise par sa sagesse et son industrie. Cet Anthémion d’ailleurs ne paraît avoir rien d’arrogant, de fastueux, ni de dédaigneux ; c’est un citoyen modeste [90b] et rangé. De plus, il a très bien élevé et formé son fils, au jugement du peuple athénien : aussi le choisissent-ils pour les plus grandes charges. C’est avec de tels hommes qu’il convient de chercher s’il y a ou non des maîtres de vertu, et quels ils sont. Aide-nous donc, Anytus, moi et Menon ton hôte, dans notre recherche relativement à ceux qui enseignent la vertu.

Considère la chose de cette manière. Si nous voulions faire de Menon que voici un bon médecin, [90c] chez quels maîtres l’enverrions-nous ? n’est-ce pas chez les médecins ?

ANYTUS.

Sans doute.

SOCRATE.

Mais quoi ! si nous avions en vue qu’il devînt un bon cordonnier, ne l’enverrions-nous point chez les cordonniers ?