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SOCRATE.

Je vais te le dire, Menon. Je ne révoque point comme mal accordé que la vertu puisse s’enseigner, si elle est une science. Mais vois si j’ai raison de douter qu’elle en soit une. Dis-moi, si quelque chose que ce soit, pour ne point parler seulement de la vertu, est de nature à être enseigné, n’est-ce pas une nécessité qu’il y en ait des maîtres et des disciples ?

MENON.

Je le pense.

[89e] SOCRATE.

Tout au contraire, lorsqu’une chose n’a ni maîtres ni disciples, ne sommes-nous pas fondés à conjecturer qu’elle ne peut point s’enseigner ?

MENON.

Cela est vrai. Mais crois-tu qu’il n’y ait point de maîtres de vertu ?

SOCRATE.

Du moins j’ai cherché souvent s’il y en avait, et après toutes les perquisitions possibles, je n’en puis trouver. Cependant je fais cette recherche avec beaucoup d’autres, surtout de ceux que je crois les mieux au fait de la chose. Et à ce moment, Menon, voici quelqu’un qui est venu fort à propos s’asseoir auprès de nous. [90a] Faisons-lui part de notre recherche ; nous en avons