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manière dont tu dois répondre, tu n’as tenu aucun compte de tout cela, et tu me dis d’une part que la vertu [79b] consiste à pouvoir se procurer des biens avec justice, et d’autre part que la justice est une partie de la vertu.

MENON.

Il est vrai.

SOCRATE.

Ainsi il résulte de tes aveux, que la vertu consiste à faire tout ce qu’on fait avec une partie de la vertu ; puisque tu reconnais que la justice et les autres qualités semblables sont des parties de la vertu.

MENON.

Eh bien ! que signifie ceci ?

SOCRATE.

Que, bien loin de m’expliquer ce que c’est que la vertu prise en général, comme je t’en ai prié, tu me dis que toute action est la vertu, pourvu qu’elle se fasse avec une partie [79c] de la vertu ; comme si tu m’avais déjà expliqué ce que c’est que la vertu en général, et que je dusse la reconnaître, lors même que tu l’auras ainsi divisée en petits morceaux. Il faut donc, à ce qu’il me paraît, que je te demande de nouveau, mon cher Menon, ce que c’est que la vertu, et s’il est vrai que la vertu soit toute action faite avec une partie de la vertu ; car