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MENON.

L’un et l’autre, ce me semble.

SOCRATE.

Quoi ! Menon, juges-tu qu’un homme connaissant le mal pour ce qu’il est, puisse se porter à le désirer ?

MENON.

Très fort.

SOCRATE.

Qu’appelles-tu désirer ? est-ce désirer que la chose lui arrive ?

MENON.

Qu’elle lui arrive, [77d] sans doute.

SOCRATE.

Mais cet homme s’imagine-t-il que le mal est avantageux pour celui qui l’éprouve, ou bien sait-il qu’il est nuisible à celui en qui il se rencontre ?

MENON.

Il y en a qui s’imaginent que le mal est avantageux ; et il y en a d’autres qui savent qu’il est nuisible.

SOCRATE.

Mais crois-tu que ceux qui s’imaginent que le mal est avantageux, le connaissent comme mal ?

MENON.

Pour cela, je ne le crois pas.