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MENON.

Je te le dirai, Socrate, après que tu auras répondu à ma question.

SOCRATE.

Quand on aurait les yeux bandés, Menon, on verrait, à ta conversation seule, que tu es beau et que tu as encore des amants.

MENON.

Pourquoi cela ?

SOCRATE.

Parce que tu ne fais dans tes discours autre chose que commander ; ce qui est l’ordinaire des beaux jeunes gens que gâte l’habitude de la tyrannie, qu’ils exercent tant qu’ils sont [76c] dans la fleur de l’âge. Outre cela, peut-être as-tu reconnu mon faible pour la beauté. J’aurai donc cette complaisance pour toi, et je répondrai.

MENON.

Oui, aie pour moi cette complaisance.

SOCRATE.

Veux-tu que je te réponde comme répondrait Gorgias[1], d’une manière qu’il te sera plus aisé de suivre ?

  1. Gorgias, qui donna des leçons à Menon, passe pour en avoir pris d’Empédocle. Diogène de Laërte, VIII, 58 ; Quintil., III, 1 ; Suidas, v. Γοργ. Εμπ.