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PHÈDRE.

Le bel Isocrate. Que lui diras-tu, Socrate, ou que dirons-nous de lui ?

SOCRATE.

Isocrate est encore jeune, mon cher Phèdre ; mais je veux néanmoins [279a] te faire part de mes prédictions sur son compte.

PHÈDRE.

Voyons-les.

SOCRATE.

Il me paraît avoir trop de talent naturel pour être comparé à Lysias ; il a aussi des inclinations plus généreuses, en sorte que je ne m’étonnerais pas, lorsqu’il avancera en âge, si, dans le genre auquel il s’applique maintenant, ceux qui l’ont précédé dans l’art oratoire semblaient des enfants auprès de lui ; et si, peu content de ces soins, insuffisants pour remplir son âme, quelque inspiration divine le poussait vers de plus grandes choses. Car, mon cher ami, il y a dans cette jeune intelligence quelque chose de naturellement propre [279b] à la philosophie. Voilà ce que j’annoncerai, de la part des divinités de ces lieux à mon bien-aimé Isocrate : toi, fais-en de même auprès de ton ami Lysias.

PHÈDRE.

Je n’y manquerai pas : mais allons, car la