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ver à leur terme huit mois après les avoir semées.

[276c] PHÈDRE.

Assurément, mon cher Socrate : les unes seraient pour lui l’objet d’un soin sérieux ; les autres, comme tu dis, d’un simple amusement.

SOCRATE.

Mais celui qui connaît ce qui est juste, beau et bon, aura-t-il selon nous moins de sagesse dans l’emploi de ses semences que le laboureur n’en montre dans l’emploi des siennes ?

PHÈDRE.

Je ne le crois point.

SOCRATE.

Il n’ira donc pas sérieusement les déposer dans de l’eau noire, les semant à l’aide d’une plume, avec des mots incapables de s’expliquer et de se défendre eux-mêmes, incapables d’enseigner suffisamment la vérité ?

PHÈDRE.

Non, sans doute.

[276d] SOCRATE.

Non ; mais s’il sème jamais dans les jardins de l’écriture[1], il ne le fera que pour s’amuser,

  1. Par opposition aux jardins d’Adonis dont on a parlé.