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SOCRATE.

Car voici l’inconvénient de l’écriture, mon cher Phèdre, comme de la peinture. Les productions de ce dernier art semblent vivantes ; mais interrogez-les, elles vous répondront par un grave silence. Il en est de même des discours écrits : vous croiriez, à les entendre, qu’ils sont bien savants ; mais questionnez-les sur quelqu’une des choses qu’ils contiennent, ils vous feront toujours la même réponse. [275e] Une fois écrit, un discours roule de tous côtés, dans les mains de ceux qui le comprennent comme de ceux pour qui il n’est pas fait, et il ne sait pas même à qui il doit parler, avec qui il doit se taire. Méprisé ou attaqué injustement, il a toujours besoin que son père vienne à son secours ; car il ne peut ni résister ni se secourir lui-même.

PHÈDRE.

C’est encore parfaitement juste.

[276a] SOCRATE.

Mais considérons une autre espèce de discours, sœur germaine de celle-là : voyons comment elle naît et combien elle l’emporte sur l’autre.

PHÈDRE.

Quelle est cette autre espèce de discours, et d’où naît-elle ?