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travail immense, que le sage ne doit pas entreprendre pour gouverner les affaires humaines et parler aux hommes, mais pour être en état de parler et surtout d’agir toujours, autant qu’il est au pouvoir de l’homme, de la manière la plus agréable aux dieux. Non, disent de plus sages que nous, non, Tisias, ce n’est pas à ses compagnons d’esclavage que l’homme raisonnable [274a] doit tâcher de plaire, si ce n’est peut-être en passant, mais à d’excellents maîtres et d’une excellente origine. Ne sois donc pas étonné si le circuit est long ; il faut le parcourir pour arriver à des choses plus grandes que tu ne crois ; mais la raison dit qu’avec de la bonne volonté on peut arriver à ces beaux résultats par la route que nous avons indiquée.

PHÈDRE.

Fort bien, mon cher Socrate, pourvu qu’on en soit capable.

SOCRATE.

Mais quand on est à la recherche des belles choses, [274b] tout ce qu’on souffre pour elles est beau.

PHÈDRE.

Certainement.

SOCRATE.

Bornons donc ici ce que nous avions à dire sur l’art et le défaut d’art dans le discours.