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PHÈDRE.

Impossible autrement, mon cher Socrate : mais cela ne me paraît pas un petit ouvrage.

SOCRATE.

Tu dis vrai : il nous faut donc examiner tous les discours faits sur ce sujet, et les retourner en tous sens, [272c] pour voir s’il n’y aurait pas une route plus unie et plus courte, et n’en point suivre inutilement une si longue et si épineuse, quand il y a moyen de s’en dispenser. Si tu crois que nous puissions trouver quelque secours dans les leçons de Lysias ou de quelque autre, tâche de t’en souvenir, et dis-le-moi.

PHÈDRE.

Ce n’est point faute de bonne volonté ; mais rien ne se présente à moi.

SOCRATE.

Eh bien donc, veux-tu que je te rapporte certain discours que j’ai entendu tenir à un de ceux qui s’occupent de cette matière ?

PHÈDRE.

Comment ! j’en serai charmé.

SOCRATE.

Aussi, dit-on, mon cher Phèdre, qu’il est juste de plaider, même la cause du loup[1].

  1. Sur ce proverbe, voyez le Scholiaste, Plutarq., Banquet ; et Suidas, V. καὶ τὸ τοῦ λύκ.