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parole, faire paraître grandes les petites choses, et petites les grandes, [267b] donner à l’ancien un air nouveau et au nouveau un air ancien, enfin parler à leur gré sur le même sujet d’une manière très concise ou très développée, deux méthodes qu’ils se vantent d’avoir découvertes ? Prodicus[1], à qui j’en parlais un jour, se mit à rire, et me dit qu’il avait seul découvert la bonne méthode, qui est de n’être ni concis ni diffus, mais de parler autant qu’il faut.

PHÈDRE.

À merveille, Prodicus !

SOCRATE.

Ne dirons-nous rien d’Hippias ? car je pense que l’étranger d’Élis eût été du même avis que celui de Céos ?

PHÈDRE.

Probablement.

SOCRATE.

Que dirons-nous de Polus avec sa musique oratoire, [267c] ses répétitions, ses sentences, ses images, et ces mots que Lycimnion lui a prêtés pour faire de l’harmonie[2]  ?

  1. De Céos. Voyez le Protagoras et l’Hippias.
  2. Sur Polus, voyez le Gorgias. — Hermias appelle aussi Lycimnion le maître de Polus. Aristot. Rhét., III. Denys