rencontré en route un certain faux amour qu’il n’a pu s’empêcher d’accabler d’injures bien méritées ; l’autre a tourné à droite, et dans son chemin il a rencontré un autre amour qui porte le même nom que le premier, mais qui est divin, [266b] qu’il a pris pour matière de ses éloges, et qu’il a vanté comme la source de tous les biens.
Tu dis vrai.
Pour moi, mon cher Phèdre, j’affectionne singulièrement cette manière de diviser les idées, et de les rassembler tour à four, pour être plus capable de bien penser et de bien parler ; et quand je crois apercevoir dans quelqu’un une intelligence qui peut embrasser à la fois l’ensemble et les détails d’un objet, je marche avec respect sur ses traces comme sur celles d’un dieu[1]. Ceux qui ont ce talent, Dieu sait si j’ai tort ou raison, [266c] mais enfin jusqu’ici je les appelle dialecticiens. Mais ceux qui se seraient formés à ton école et à celle de Lysias, dis-moi, comment faudrait-il les appeler ? Serait-ce là cet art de la parole qui a rendu Thrasymaque et les
- ↑ Fin de vers d’Homère, Odyss., V, 193 ; VIII, 38.