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en quatre espèces sous la protection de quatre dieux ; nous avons rapporté le délire des prophètes à Apollon, celui des initiés à Bacchus, celui des poètes aux Muses, le quatrième à Vénus et à l’Amour, et nous avons dit que cette dernière espèce était la meilleure de toutes. Puis, je ne sais comment, imitant, en quelque manière, le délire dont nous parlions, et marchant peut-être assez près de la vérité, peut-être aussi nous en écartant, faisant de tout cela un discours assez plausible, [265c] nous avons composé comme en badinant une espèce d’hymne mythologique, décent et pieux, à l’honneur de ton maître et du mien, mon cher Phèdre, l’Amour, qui préside à la beauté.

PHÈDRE.

Et je n’ai pas eu peu de plaisir à t’entendre.

SOCRATE.

Ce qu’il faut surtout saisir dans ce discours, c’est comment on y passe du reproche à l’éloge.

PHÈDRE.

Comment cela ?

SOCRATE.

Tout le reste en effet n’est, selon moi, qu’un badinage ; mais il y a deux choses que le hasard nous a suggérées sans doute, [265d] mais qu’il serait intéressant qu’un homme habile pût traiter avec art.