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SOCRATE.

Lis toujours ; j’ai envie d’entendre encore ce passage.

PHÈDRE.

« Instruit de tout ce qui m’intéresse, tu sais ce qui contribuerait à notre bonheur commun ; [264a] ne me refuses pas, sous prétexte que je ne suis pas ton amant : car l’amant, une fois satisfait, se repent ordinairement d’avoir trop fait pour l’objet de sa passion. »

SOCRATE.

Il s’en faut beaucoup, ce me semble, qu’il ait fait ce que nous cherchons, lui qui ne débute pas par le commencement, mais par la fin, et semble vouloir revenir en arrière contre le fil de l’eau au point d’où il aurait dû partir, commençant par où finirait l’amant qui cherche à convaincre son bien-aimé ? ou bien me trompé-je, Phèdre, mon noble ami[1] ?

[264b] PHÈDRE.

Mais c’est qu’en effet, Socrate, il n’a voulu faire que la fin d’un discours.

SOCRATE.

Soit. Mais d’ailleurs ne trouves-tu pas que les

  1. Allusion au vers 281 du liv. VIII de l’Iliade, Teucer, mon noble ami…