Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/542

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sertons dans le vague, n’ayant pas d’exemples capables de nous fixer.

SOCRATE.

Il semble vraiment qu’un heureux hasard [262d] nous ait fait prononcer deux discours propres à montrer que celui qui connaît la vérité peut aisément, et comme en se jouant, la faire perdre de vue à ses auditeurs : c’est pourquoi, mon cher Phèdre, je rapporte ces discours aux dieux habitants de ces lieux ; et peut-être aussi les interprètes des Muses qui chantent au-dessus de nos têtes nous auront-ils envoyé ces inspirations ; car pour moi je n’ai jamais rien entendu à cet art de la parole.

PHÈDRE.

Soit, puisqu’il te plaît de le dire. Mais commence l’examen dont tu parles.

SOCRATE.

Lis donc le commencement du discours de Lysias.

[262e] PHÈDRE.

« Instruit de tout ce qui m’intéresse, tu sais ce qui contribuerait à notre bonheur commun ; ne me refuses pas, sous prétexte que je ne suis pas ton amant : car l’amant, une fois satisfait, se repent ordinairement d’avoir trop fait pour l’objet de sa passion. »