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PHÈDRE.

Sans contredit.

SOCRATE.

Y aurait-il donc un art possible de faire prendre insensiblement le change à ses auditeurs, et de les conduire, de ressemblance en ressemblance, depuis la véritable nature des choses jusqu’à son contraire, ou d’éviter pour son propre compte une semblable erreur, sans connaître soi-même la nature de chaque chose ?

PHÈDRE.

Cela ne se peut.

[262c] SOCRATE.

Ainsi celui qui ne connaît point la vérité et qui court après l’opinion, s’il prétend posséder l’art de la parole, ne possède qu’un art ridicule et qui proprement n’est pas un art ?

PHÈDRE.

Il en court grand risque.

SOCRATE.

Veux-tu voir maintenant dans le discours de Lysias que tu as entre les mains, et veux-tu voir dans nos discours, ce que j’entends par art ou par défaut d’art ?

PHÈDRE.

Le plus volontiers du monde, car nous dis-