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dites-vous là ? je ne force personne à apprendre à parler sans connaître la vérité. Mon avis est qu’on acquière d’abord la connaissance de la vérité, puis que l’on m’étudie. Mais je n’en soutiens pas moins que, même la vérité étant connue, l’art de persuader ne saurait exister sans moi.

PHÈDRE.

N’aurait-il pas raison de parler ainsi ?

SOCRATE.

Oui sans doute, si toutes les voix qui s’élèveraient après la rhétorique s’accordaient à reconnaître qu’elle est véritablement un art ; mais il me semble en ouïr qui le contestent, et qui s’écrient qu’elle ment, qu’elle n’est pas un art, mais un frivole passe-temps.

[261a] PHÈDRE.

Allons, mon cher Socrate, fais comparaître ces voix, et sachons enfin ce qu’elles disent.

SOCRATE.

Venez, beaux enfants, auprès de mon cher Phèdre, père lui-même d’enfants qui vous ressemblent ; venez lui persuader que, sans connaître à fond la philosophie, il ne sera jamais capable de bien parler sur aucun sujet. Que Phèdre vous réponde.