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c’est un animal très utile à la maison et à l’année, qu’on peut se défendre assis sur son dos, et qu’il est fort commode [260c] pour porter les bagages, et pour mille autres choses semblables.

PHÈDRE.

Oui, cela serait le comble du ridicule.

SOCRATE.

Mais enfin ne vaut-il pas mieux encore être ridicule dans sa bienveillance que dangereux et nuisible ?

PHÈDRE.

Sans doute.

SOCRATE.

Or, lorsqu’un orateur, ignorant la nature du bien et du mal, trouvera ses concitoyens dans une égale ignorance, et leur conseillera, non plus de prendre un âne pour un cheval, mais le mal pour le bien, et qu’en étudiant les penchants de la multitude, il réussira à faire prévaloir l’un sur l’autre, quels fruits crois-tu que la rhétorique puisse recueillir d’une telle semence ?

[260e] PHÈDRE.

D’assez mauvais.

SOCRATE.

Avons-nous, mon cher Phèdre, blâmé trop durement l’art de la parole ? Peut-être aussi pourrait-il nous répondre : Beaux raisonneurs, que