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lestes et aux discours des hommes[1]. Voilà bien des raisons pour parler au lieu de dormir en plein midi.

PHÈDRE.

Parlons donc.

[259e] SOCRATE.

Puisque nous nous étions proposé d’examiner ce qui fait un bon et un mauvais discours, écrit ou parlé, il nous faut commencer cet examen.

PHÈDRE.

Sans doute.

SOCRATE.

N’est-il pas nécessaire, pour qu’un discours soit parfait, que l’orateur connaisse la vérité des choses dont il doit discourir ?

PHÈDRE.

J’ai entendu dire à ce sujet, mon cher Socrate qu’il [260a] n’était pas nécessaire, pour être orateur, de connaître ce qui est véritablement juste, mais ce qui le paraît à la multitude chargée de prononcer, ni ce qui est vraiment bon et beau, mais ce qui paraît tel : car la persuasion naît plutôt de cette apparence que de la vérité.

  1. Il y a ici quelques jeux de mots sur les noms des Muses qu’il n’a pas toujours été possible de traduire.