Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/531

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vie sinon ces jouissances ? au moins ne sont-ce pas celles qui sont nécessairement précédées de la douleur, sous peine de n’être plus des jouissances : qualité commune à presque tous les plaisirs du corps, et qui les a fait justement traiter de serviles.

SOCRATE.

Nous avons du temps de reste, à ce qu’il me semble. Je crois aussi que les cigales en chantant, comme elles en ont l’habitude, [259a] et en conversant au-dessus de nos têtes, nous regardent ; et, si elles nous voyaient comme la multitude, au lieu de causer, sommeiller en plein midi, et, faute de savoir occuper notre pensée, céder à l’influence de leurs voix assoupissantes, elles pourraient à bon droit se moquer de nous ; elles croiraient voir des esclaves qui sont venus dans cet endroit pour dormir près de la fontaine, comme des brebis qui se reposent au milieu du jour : mais si elles nous voient continuer le cours de notre entretien, sans nous laisser charmer par les chants de ces nouvelles sirènes, [259b] peut-être par admiration nous accorderont-elles le bienfait que les dieux leur ont permis d’accorder aux hommes.

PHÈDRE.

Quel est ce bienfait ? je ne crois pas en avoir entendu parler jusqu’ici.