Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/527

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le aussi vers elle, afin que son amant que voici, délivré de l’incertitude où il est maintenant, puisse consacrer sans réserve toute son existence à l’amour approuvé par la philosophie.

PHÈDRE.

Je le souhaite comme toi, mon cher Socrate, si véritablement il vaut mieux [257c] pour nous qu’il en soit ainsi ; mais je ne puis me lasser d’admirer ton dernier discours, et combien il l’emporte sur le premier. Je crains que Lysias ne paraisse bien inférieur s’il essaie de te répondre. Je sais d’ailleurs qu’il y a peu de jours un de nos hommes d’état a reproché à Lysias de trop écrire, et que dans toute sa diatribe il l’appelle le faiseur de discours. Il sera donc possible que par amour-propre il s’abstienne d’écrire.

SOCRATE.

Jeune homme, voilà une idée bizarre ; et [257d] tu méconnais fort ton ami si tu le crois capable de s’effrayer pour si peu de chose, peut-être même as-tu cru qu’on lui faisait sincèrement ce reproche ?

PHÈDRE.

Oui vraiment, mon cher Socrate ; et tu sais toi-même que les hommes les plus puissants et les plus considérables dans un état rougissent de composer des discours et de laisser des écrits,