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çoivent leurs ailes, ils les reçoivent en même temps, à cause de l’amour qui les a unis.

Tels sont, ô jeune homme, les grands, les divins avantages que te procurera la tendresse d’un amant. Mais le commerce d’un homme sans amour, tempéré par une sagesse mortelle, occupé par des soins frivoles, ne faisant germer [257a] dans l’âme de l’objet aimé qu’une prudence servile qui peut bien être une vertu aux yeux de la multitude, la fait errer pendant neuf mille ans sur la terre et sous la terre privée de raison.

Ô Amour ! je te consacre cette palinodie, comme l’expiation la plus belle et la meilleure qu’il soit en mon pouvoir de t’offrir : si les paroles en sont trop poétiques, c’est Phèdre qui m’a forcé de les employer. Mais puisses-tu me pardonner le premier discours et recevoir avec indulgence le dernier ; désormais propice et favorable, daigne ne point me ravir ni diminuer en moi par colère cet art d’aimer dont tu m’as fait présent ; accorde-moi d’être encore plus cher qu’auparavant à la beauté, [257b] et si d’abord nous avons tenu quelques propos injurieux à ta divinité, Phèdre et moi, n’en accuse que Lysias, père de ce discours ; détourne-le de ces sophismes, et de même que son frère Polémarque s’est adonné à la philosophie, tourne-