repoussé vers le point d’où il partait, ainsi l’émanation de la beauté revient au beau jeune homme en s’insinuant par les yeux qui sont le chemin de l’âme, et excitant [255d] dans son âme le désir de s’envoler, nourrit et dégage les ailes, et remplit d’amour l’âme du bien-aimé : voilà donc le jeune homme qui aime aussi, mais il ne sait qui ; il ne connaît pas la nature de son affection et ne saurait l’exprimer ; semblable à celui dont la vue s’est affaiblie pour avoir regardé des yeux malades, il cherche en vain la cause de son mal, et, sans le savoir, dans les yeux de son amant il voit comme dans un miroir sa propre image. En sa présence il cesse comme lui de ressentir la douleur ; en son absence il le regrette autant qu’il en est regretté ; [255e] il lui[1] rend amour pour amour. Mais il ne croit point que son affection soit de l’amour ; il l’appelle, il la croit de l’amitié. En même temps il désire presque autant que son amant, quoiqu’un peu moins, de le voir, de le toucher, de l’embrasser, de partager sa couche, et voilà bientôt très probablement ce qui lui arrivera. Or, tandis qu’ils partagent la même couche, le coursier indompté de l’amant a beaucoup de choses à dire au cocher ; il lui de-
- ↑ Le texte : Il a Antéros, image d’Éros.