Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/522

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

autres personnes lui ont inspiré de faux principes en lui disant qu’il est honteux de fréquenter un amant, et que ces motifs lui aient fait repousser le sien, le temps qui s’écoule, l’âge, la nécessité, lui persuadent [255b] enfin de l’admettre aux douceurs d’une tendre familiarité, car il n’a jamais été écrit dans les arrêts du destin que deux méchants pourraient s’aimer, ni que deux hommes honnêtes pourraient ne pas s’aimer. À peine ce jeune homme est-il en rapport avec son amant, et a-t-il accueilli ses discours et sa personne, que la passion de l’amant remplit d’admiration l’objet aimé qui voit que l’affection de tous les parents et de tous les amis ensemble n’est rien au prix de celle d’un amant inspiré. Au bout de quelque temps, à force de se voir et de se toucher, soit dans les gymnases, soit dans d’autres rencontres, [255c] les flots de cette émanation que Jupiter amoureux de Ganymède appela[1] désir amoureux (ἵμερος), se portant avec abondance vers l’amant, le pénètrent en partie ; puis lorsqu’il en est rempli, le reste s’écoule au dehors ; et comme un souffle, un écho qui vient frapper sur quelque chose de dur et de poli est

  1. Il y a ici probablement une allusion à quelque passage de poète.