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nent envers lui la thème conduite. Ceux qui ont suivi Apollon et les autres dieux, se règlent chacun sur le leur, et cherchent un jeune homme doué de la même nature, et lorsqu’ils le possèdent, alors en imitant leur dieu, et en pressant ce jeune homme de l’imiter, ils tâchent qu’il se rapproche autant que possible du modèle dont l’idée leur est sans cesse présente. Ils s’y emploient de tout leur pouvoir, et sans jamais se livrer à l’envie ni à aucune malveillance peu généreuse envers leurs amours, les rendre semblables à eux-mêmes [253c] et à la divinité qu’ils honorent, voilà le but constant de leurs désirs et de leurs travaux.

Tel est le zèle de ceux qui aiment véritablement ; leur succès est une sorte d’initiation ; et pour celui qui est l’objet, une telle passion ne peut qu’être une source d’honneur et de félicité, quand il y est sensible et se laisse subjuguer : or, sa défaite a lieu de cette manière.

En commençant ce discours nous avons distingué dans chaque âme trois parties [253d] différentes, deux coursiers et un cocher : conservons ici la même figure. Des deux coursiers, avons-nous dit, l’un est généreux, l’autre ne l’est pas ; mais nous n’avons pas expliqué quelle était la vertu du bon coursier, le vice du mauvais ;