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nature des ailes qui portent l’âme s’en nourrit. C’est une loi d’Adrastée[1], que toute âme qui, compagne fidèle des âmes divines, a pu voir quelqu’une des essences, soit exempte de souffrance jusqu’à un nouveau voyage, et que si elle parvient toujours à suivre les dieux, elle n’éprouve jamais aucun mal. Mais quand elle ne peut pas suivre les dieux ni contempler les essences, et que par malheur s’étant remplie de l’aliment impur du vice et de l’oubli, elle s’appesantit, perd ses ailes et tombe sur la terre, la loi défend [248d] qu’elle anime le corps d’aucune bête brute dès la première génération. Celle qui a vu plus que les autres, vient animer un homme dont la vie doit être consacrée à la sagesse, à la beauté, aux Muses et à l’Amour. Celle qui a moins vu et ne se trouve ainsi qu’au second rang, animera un roi juste ou guerrier et puissant ; celle du troisième rang, un politique, un économe, un spéculateur ; celle du quatrième, un athlète laborieux ou un médecin ; celle du cinquième, un devin [248e] ou un initié ; celle du sixième, un poète ou un artiste ; celle du septième, un artisan ou un laboureur ; celle du huitième, un sophiste ou un démagogue ; celle

  1. L’inévitable : symbole de l’ordre nécessaire des choses.