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où il aspire, et sa poésie froidement raisonnable s’éclipse devant les ouvrages inspirés.

[245b] J’aurais encore à citer beaucoup d’autres effets admirables du délire envoyé par les dieux. Gardons-nous donc de le redouter, et ne nous laissons pas effrayer par celui qui prétend prouver qu’on doit préférer un ami de sang-froid à un amant en délire : la victoire est à lui, s’il peut également démontrer que les dieux ne veulent pas du bien à deux personnes quand ils donnent à l’une de l’amour pour l’autre. Mais nous, au contraire, nous voulons prouver [245c] que les dieux ont en vue notre plus grande félicité, en nous accordant cette espèce de délire. Nos preuves seront rejetées par les faux sages, mais les vrais y souscriront.

Il faut d’abord expliquer la nature de l’âme divine et humaine, et, par l’observation exacte de ses propriétés actives et passives, nous élever jusqu’à la connaissance de la vérité. Je pars de ce principe. Toute âme est immortelle, car tout être continuellement en mouvement est immortel. Celui qui transmet le mouvement et le reçoit, au moment où il cesse d’être mû, cesse de vivre ; mais l’être qui se meut lui-même ne pouvant cesser d’être lui-même, seul ne cesse jamais de se mouvoir, et il est pour les autres êtres qui