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nobles sueurs, accoutumé [239d] aux délices d’une vie molle, fardé de couleurs étrangères, chargé d’ornements empruntés à défaut des véritables, enfin, dans toute sa conduite et dans ses mœurs, n’ayant rien qui ne réponde à ce portrait. Tout cela est si évident, que je ne vois pas la nécessité d’y insister : disons seulement, pour nous résumer, qu’avec un corps si délicat le jeune homme exposé aux hasards de la guerre ou à quelque grand péril n’inspirera que de l’audace à ses ennemis, de la crainte à ses amis et à son amant.

Mais passons sur ces réflexions dont la vérité est trop sensible. Examinons maintenant [239e] en quoi la compagnie et les conseils d’un amant peuvent être utiles ou nuisibles à quelqu’un non plus dans sa personne, mais dans ses biens. Il est clair que de tous les biens, les plus chers, les plus sûrs et les plus sacrés sont précisément ceux que l’amant voudrait le plus ôter à celui qu’il aime ; il le verrait avec plaisir privé de son père et de sa mère, de ses parents et de ses amis, [240a] qu’il regarde comme des censeurs importuns, et comme des obstacles au doux commerce qu’il se plaît à entretenir. Si ce jeune homme est maître d’une grande fortune ou d’une belle propriété, plus d’espérance de le séduire si facilement, ni de le