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nous dirigent, dont l’impulsion, quelle qu’elle soit, détermine nos mouvements : l’un est le désir inné du plaisir ; l’autre le goût réfléchi du bien. Ces deux principes, quelquefois d’accord, [237e] souvent aussi se font la guerre ; et c’est tantôt l’un, tantôt l’autre qui l’emporte. Quand le goût du bien, que la raison nous inspire, domine dans notre âme, il prend le nom de sagesse ; quand le désir déraisonnable qui nous entraîne vers le plaisir triomphe et règne en nous, il prend le nom d’intempérance. [238a] L’intempérance se déguise encore sous bien d’autres noms ; car elle s’exerce sur différents objets, et prend différentes formes. Celle de ces formes qui se trouve le plus en évidence sert à qualifier la personne chez qui elle se manifeste : de là tant d’épithètes injurieuses et de surnoms flétrissants. Si le désir [238b] a pour objet la bonne chère, et qu’il l’emporte à la fois et sur les autres désirs et sur la raison, il constitue la gourmandise, et ceux qui en sont atteints sont appelés gourmands. S’il s’exerce sur un autre objet, sur la boisson, par exemple, on sait de quel surnom il flétrit celui qu’il tyrannise. Enfin, nous savons comment on appelle les autres désirs quand ils dominent. Celui où j’en voulais venir se devine déjà peut-être sans que je le nomme ; mais cependant il vaut