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tes propres paroles. Prends garde, car je vais te dire : Mon cher Socrate, ou je connais parfaitement Socrate, ou je ne me connais plus moi-même : je sais bien qu’il brûle d’envie de parler, mais il veut faire le difficile. Qu’il sache donc que nous ne sortirons pas d’ici avant que son cœur, comme il le disait lui-même, n’ait épanché toutes les merveilles dont il est plein. Nous sommes seuls, dans un lieu désert ; [236d] je suis le plus jeune et le plus fort. En un mot, comprends-moi bien : il faut te décider à parler de gré ou de force.

SOCRATE.

Mais, mon cher Phèdre, je serais ridicule de vouloir, avec si peu de talent pour la parole, opposer ma faible improvisation au travail d’un maître consommé.

PHÈDRE.

Sais-tu bien une chose : si tu ne cesses de te faire prier, j’aurai recours à quatre mots qui te forceront bien à parler.

SOCRATE.

N’en fais donc rien.

PHÈDRE.

Non, non ; j’y suis décidé. Ces quatre mots sont un serment terrible. Je jure, voyons, par quel dieu ? [236e] par ce platane, si tu veux ; oui, je