Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/476

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

difficiles à trouver, on pourra lui demander les deux genres de mérite.

PHÈDRE.

Je trouve ta demande fort raisonnable, et je te l’accorde. Oui, je te laisserai établir en principe que celui qui n’aime pas a [236b] sur celui qui aime l’avantage d’être plus sensé. Mais si d’ailleurs tu peux alléguer en sa faveur plus de raisons que n’en a rassemblé Lysias, je veux que ton image en or massif figure à Olympie, près de l’offrande des Cypsélides[1].

SOCRATE.

Tu prends la chose au sérieux : je n’ai voulu pourtant que t’agacer, en m’attaquant à celui que tu aimes. Du reste, crois-tu que je veuille faire assaut d’éloquence avec un si grand maître ?

PHÈDRE.

Ah ! te voilà revenu au même point [236c] où j’en étais. Eh bien ! il faudra maintenant, bon gré mal gré, que tu parles, si tu ne veux pas renouveler une scène trop fréquente dans les comédies, et me forcer à répéter mot pour mot

  1. Statue colossale de Jupiter que les enfans de Périandre, fils de Cypselos, consacrèrent à Olympie, d’après le vœu qu’ils en avaient fait, s’ils recouvraient le souverain pouvoir à Corinthe. Voyez Hermias, le Scholiaste, Suidas, Pausanias, V, 2 ; Strab., VIII.