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deux. Je crois en avoir assez dit pour te convaincre ; mais s’il te reste quelque objection, parle ; je suis prêt à la résoudre. »

Eh bien ! que t’en semble, Socrate ? ce discours ne te paraît-il pas parfait sous tous les rapports, et aussi pour le choix des expressions ?

[234d] SOCRATE.

Merveilleux, mon cher Phèdre : il m’a transporté hors de moi-même. Il est vrai que tu y contribuais ; car je voyais ta joie percer en le lisant, et, persuadé que sur ces matières ton goût est plus sûr que le mien, je me suis laissé aller à ton enthousiasme.

PHÈDRE.

Allons, tu veux rire.

SOCRATE.

Quoi ! doutes-tu que je parle sérieusement ?

[234e] PHÈDRE.

Non, Socrate ; mais dis-moi, au nom de Jupiter qui préside à l’amitié, crois-tu qu’il y ait en Grèce un autre homme capable de parler sur le même sujet avec plus d’abondance et de noblesse ?

SOCRATE.

Distinguons : veux-tu louer ton auteur d’avoir dit ce qu’il devait dire, ou seulement de s’être exprimé en termes clairs, arrondis et savam-