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LE PREMIER ALCIBIADE.

que, sans le savoir, tu ignores ce que c’est que le juste, ou qu’à mon insu tu sois allé chez quelque maître qui te l’ait appris, et qui t’ait enseigné à distinguer le juste et l’injuste. Qui est ce maître ? dis-le-moi, je t’en prie, afin que tu me mettes entre ses mains et me recommandes à lui.

ALCIBIADE.

Tu te moques, Socrate.

SOCRATE.

Non, je le jure par le Dieu qui préside à notre amitié[1], et qui est de tous les dieux celui que je voudrais le moins offenser par un parjure. Je t’en prie, si tu as un maître, dis-moi qui il est.

ALCIBIADE.

Eh bien ! quand je n’en aurais point ? crois-tu que je ne puisse savoir d’ailleurs ce que c’est que le juste et l’injuste ?

SOCRATE.

Tu le sais si tu l’as trouvé.

ALCIBIADE.

Et crois-tu que je ne l’aie pas trouvé ?

SOCRATE.

Tu l’as trouvé si tu l’as cherché.

  1. Jupiter, ὁ Φιλίος.