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que tu as trouvé le moyen de m’en tirer. Semblable à ceux qui se font suivre d’un animal affamé, en agitant devant lui une branche ou quelque fruit, depuis que tu m’as montré ce cahier, tu pourrais m’entraîner sans peine jusqu’au bout [230e] de l’Attique, et plus loin si tu voulais. Cependant, puisque nous voici arrivés, je crois que je ferai bien de m’étendre ici tout à mon aise : pour toi, choisis l’attitude que tu jugeras la plus convenable à un lecteur, et commence, s’il te plaît.

PHÈDRE.

Écoute. « Te[1] voici donc instruit de tout ce qui m’intéresse : tu sais ce qui, selon moi, contribuerait à notre bonheur commun ; ne me le refuse pas, [231a] sous prétexte que je ne suis pas ton amant ; car l’amant une fois satisfait se repent ordinairement d’avoir trop fait pour l’objet de sa passion ; mais comment pourrait-on se repentir d’avoir fait à quelqu’un qu’on aime, non par un besoin irrésistible, mais volontai-

  1. Quoi qu’en disent Taylor (Vit. Lys., t. VI, p. 166, éd. Reisk.) et Ast, ce discours est de l’orateur Lysias lui-même, comme l’attestent Denys d’Halicarnasse ( Epist. ad. Pomp.), et Hermias (ed. Ast., p. 77) qui déclare que ce discours est de Lysias, et que c’est une lettre, qui se trouve encore de son temps parmi les lettres de Lysias.