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presse de commencer, il se donne les airs de faire le difficile ; si on ne l’en priait pas, il parlerait, [228c] il voudrait se faire écouter de force. Mais conjure-le, mon cher Phèdre, de faire à présent de bonne grâce ce qu’il faudra qu’il fasse tout à l’heure de manière ou d’autre.

PHÈDRE.

Je vois bien que le meilleur parti à prendre est de m’en acquitter comme je pourrai ; car tu ne parais pas disposé à me laisser aller que je ne t’aie satisfait, n’importe comment.

SOCRATE.

Tu as parfaitement raison.

[228d] PHÈDRE.

Eh bien, c’est aussi ce que je vais faire. À la vérité, je n’ai pas appris par cœur les propres paroles de Lysias ; mais je puis t’en dire à peu près le sens, et te détailler tous les avantages que ce discours attribue à l’ami froid sur l’amant passionné ; et d’abord voici le premier motif…

SOCRATE.

Fort bien ; mais d’abord, mon cher Phèdre, commence par me montrer ce que tu as dans la main gauche sous ta robe. Je soupçonne que ce pourrait bien être le discours lui-même ; [228e] s’il en est ainsi, je t’aime beaucoup, n’en doute pas,