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menée par distinguer celles-ci entre elles. Est-ce la même chose que savoir et ignorer ce qui est sain, et savoir et ignorer ce qui est juste ? Non. Il y a donc là deux sciences bien distinctes, la médecine et la politique. Or, comme il ne faut pas confondre ces deux sciences entre elles , tout de même il ne faut pas confondre avec elles celle qui n'est que la science purement et simplement. Si donc quelqu'un ne sait particulièrement que la médecine, il ne pourra pas juger du juste ; et réciproquement, celui qui connaît la justice, ne saura pas pour cela guérir une maladie. Et s'il ne sait ni la politique, ni la médecine, il pourra savoir en général, mais pas du tout en particulier, ce qui est juste et, sain. Je ne vois donc pas pourquoi Heindorf veut qu'après δικαίου on supplée καὶ ἐπιστήμη καὶ ἀνεπιστημοσυνη ἐπιστήμης, ou que l'on rapporte τοὐτὸν à τὸ αὑτὸ γιγνώσκειν, ou à ἐπιστήμη ἐπθστήμης οὖσα. En général, Heindorf et Schleiermacher lui-même veulent trop voir, dans chaque phrase de Platon, une idée complète et terminée à la manière des modernes, tandis que, dans le mouvement général du dialogue, chaque phrase n'est qu'un point qui tient à tout le reste, et ne peut s'entendre qu'avec le tout. Le tout est clair ; chaque phrase particulière semble vague et indécise. La trop déterminer est une vraie infidélité ; c'est là la plus grande difficulté d'une traduction de Platon. Aussi est-ce peut-être le devoir du