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pendant ils connaissent parfaitement ce qui est à craindre pour la culture ; et de même tous les artisans connaissent chacun dans leur art ce qui est à craindre [195c] et ce qui ne l’est pas, sans en être pour cela plus courageux.

SOCRATE.

Que penses-tu, Nicias, de cette critique de Lachès ? Il a l’air pourtant de dire quelque chose.

NICIAS.

Il dit assurément quelque chose, mais rien qui soit exact.

SOCRATE.

Comment cela ?

NICIAS.

Il s’imagine que les médecins savent autre chose que de reconnaître ce qui est sain ou malsain ; dans le fait ils n’en savent pas davantage. Mais crois-tu, Lachès, que les médecins sachent si la santé est plus à craindre pour tel malade, que la maladie ? et ne penses-tu pas qu’il y a bien des malades à qui il serait plus avantageux de ne pas guérir que de guérir ? Explique-toi, [195d] est-il toujours plus avantageux de vivre, et n’est-il pas souvent préférable de mourir ?

LACHÈS.

Quelquefois cela vaut mieux.