Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/384

Cette page n’a pas encore été corrigée
SOCRATE.

Mais à la guerre, un homme qui serait constant et ferme dans l'action, parce que, calculant prudemment les chances, il saurait qu'il sera bientôt secouru, ou que ses ennemis sont moins nombreux et plus faibles, et qu'il a l'avantage du terrain ; cet homme, dont la constance est fondée sur tous ces calculs, te paraît-il plus courageux que celui qui, dans l'armée ennemie, aurait envie de résister et de garder son poste ?

[193b] LACHÈS.

C'est ce dernier qui est le plus courageux, Socrate.

SOCRATE.

Cependant la constance de ce dernier est déraisonnable, comparée à celle de l'autre.

LACHÈS.

Cela est vrai.

SOCRATE.

Ainsi un bon cavalier, qui dans le combat fera preuve de courage parce qu'il est habile à monter à cheval, te paraîtra moins courageux que celui qui ne connaît pas l'équitation ?

LACHÈS.

Assurément.