Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/372

Cette page n’a pas encore été corrigée

pas, elle est très diverse. Car parfois on pourrait croire que je m’y plais, tandis que d’autres fois je ne saurais les souffrir. Lorsque j’entends parler de la vertu ou de la science à un homme digne en effet d’être homme, et qui sait se tenir à la hauteur de ses discours, [188d] alors c’est pour moi un charme inexprimable, quand je songe que celui qui parle, et les propos qu’il tient, sont entre eux dans une convenance et une harmonie parfaite. Cet homme m’offre l’image d’un concert sublime qu’il ne tire ni de la lyre ni d’aucun autre instrument, mais de sa vie toute entière montée sur le ton le plus pur ; et dans l’harmonieux accord de ses actions et de ses discours, je ne reconnais ni le ton Ionien, ni le Phrygien ni celui de Lydie, mais le ton Dorien, le seul qui soit vraiment grec. Dès qu’il ouvre la bouche, c’est une jouissance [188e] pour moi, et l’on dirait à me voir que je suis fou de discours, tant je saisis avidement toutes ses paroles. Mais celui qui fait tout le contraire, plus il parle bien, plus il m’est insupportable, et alors il semble que je déteste les discours. Je ne connais pas encore Socrate par ses paroles, mais j’ai dû commencer à le connaître par ses actions ; et là, je l’ai [189a] trouvé digne de tenir les plus beaux discours sans cesser d’être sincère ; et s’il parle bien, j’aurai grand plaisir à l’en-