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combattre en ligne serrée dans la bataille ; mais c'est alors surtout qu'on en sent le prix, quand les rangs sont rompus et qu'il faut se battre seul à seul, soit qu'on poursuive l'ennemi qui fait face [182b] et résiste, ou que dans une retraite on ait à se défendre contre un homme qui vous presse l'épée dans les reins. Celui qui est accoutumé à ces exercices, ne craindra jamais un homme seul, ni même plusieurs ensemble, et il l'emportera toujours. D'ailleurs ils inspirent du goût pour un des arts les plus nobles. Quand on saura se battre tout armé, on voudra connaître la tactique et les manœuvres qui ont des rapports avec l'escrime ; et arrivé là, l'ambition s'en mêle, [182c] et l'on se jette dans toutes les études stratégiques qui conviennent à un général. Or, il est certain qu'il est beau et utile d'apprendre tout ce qui regarde le métier de la guerre, et d'acquérir les connaissances auxquelles ces exercices servent de préludes. A tous ces avantages, nous en ajouterons un qui n'est pas à dédaigner ; c'est que cette science rend les hommes plus vaillans et plus hardis dans les combats ; et je ne craindrai pas non plus de lui faire encore un mérite, quelque peu considérable qu'il paraisse, [182d] de donner à l'homme une meilleure tenue, pour les