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Peut-être, repris-je ; mais peut-être aussi avons-nous cherché quelque chose de tout-à-fait inutile. Je dis cela, parce qu’il me vient sur la sagesse des idées qui seraient tout-à-fait singulières, si elle était ce que nous pensons. Voyons, si tu veux. Admettons qu’il soit possible qu’il y ait une science de la science, supposons encore ce que nous disions d’abord de la sagesse, qu’elle consiste à savoir ce qu’on sait et ce qu’on ne sait pas, [172b] et, sans combattre ce principe, examinons plutôt avec soin, si, avec tout cela, elle pourra nous être utile. Car ce que nous disions tout-à-l’heure, que la sagesse, si elle était telle que nous la supposions, serait un trésor précieux, et le meilleur gouvernement pour les familles et les états, cette assertion , Critias, ne me paraît pas très exacte.

Comment donc ?

C’est que nous sommes convenus plus haut que ce serait un grand bien pour les hommes si chacun faisait ce qu’il sait, et laissait à d’autres, mieux instruits, le soin de faire ce qu’il ne sait pas.

[172e] Et n’avons-nous pas eu raison ?

Il me semble que non.

Voilà, en effet, Socrate, de singulières idées.

Oui, je te jure, je suis moi-même de ton avis, et c’est à quoi je pensais tout-à-l’heure