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Donc, de toutes manières, avec la sagesse, si elle n’est que la science de la science et de l’ignorance, on ne saurait distinguer le médecin qui sait son art de celui qui ne le sait pas et qui s’imagine le savoir, ni dans aucun autre art reconnaître le mérite de chacun, excepté toutefois dans l’art que l’on pratique soi-même ; mais tous les artistes en peuvent faire autant.

Il est vrai, dit-il.

[171d] Eh bien ! Critias, quel fruit recueillerons-nous de la sagesse ainsi réduite ? Si le sage, comme nous le prétendions d’abord, pouvait savoir ce qu’il sait ou ce qu’il ne sait pas, je veux dire, s’il savait qu’il connaît telle chose et ne connaît pas telle autre, et s’il pouvait juger de même les autres hommes ; alors, j’en conviens, il nous serait infiniment utile d’être sages ; car nous pourrions passer notre vie sans faire de fautes, nous et tous ceux qui seraient sous notre influence. En effet, nous nous [171e] garderions de rien entreprendre que nous ne sussions pas bien, et allant chercher ceux qui le sauraient, nous leur en confierions le soin ; et nous ne laisserions faire à tous ceux dont nous pourrions disposer, que ce qu’ils sauraient bien faire ; c’est-à-dire les choses dont ils ont la science. Sous le régime de la sagesse une famille, un état, serait bien administré, toute chose enfin où