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qu’à elle même. En effet, pour la grandeur, pour les nombres, et pour toutes les choses de ce genre, cela est impossible, n’est-ce pas ?

Oui.

Quant à l’ouïe, à la vue, au mouvement qui se ferait mouvoir lui-même, à la chaleur qui s’échaufferait elle-même, [169a] cela pourrait paraître bien difficile à croire, mais peut-être y en aurait-il qui l’admettraient. Il n’appartient, mon ami, qu’à un homme de génie de décider en général si rien ne peut avoir la propriété de ne se rapporter qu’à soi-même, ou si cette propriété doit être attribuée à certaines choses et non pas à d’autres, si enfin, dans ce dernier cas, on peut compter au nombre de celles qui ne se rapportent qu’à elles-mêmes, la science dans laquelle consiste selon nous la sagesse. Quant à moi, je ne me crois pas capable de trancher cette question, et par cette raison je ne saurais affirmer avec certitude s’il est possible qu’il y ait [169b] une science de la science ; et en supposant qu’elle existe, je ne puis encore convenir que ce soit là la sagesse, à moins d’avoir examiné d’abord si, étant telle, elle nous serait utile ou non ; car je soupçonne que la sagesse doit être quelque chose de bon et d’utile. Mais toi, fils de Calleschros, si comme tu l’affirmais, la sagesse est la science de la science