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Sans aucun doute, Socrate.

Et si une chose est le double des autres doubles et de soi-même, les autres doubles et elle-même ne sont que des moitiés relativement à elle, considérée comme double ; car il ne peut y avoir de double que d’une moitié.

C’est juste.

Elle est donc à-la-fois plus et moins qu’elle-même, plus pesante et plus légère, plus vieille et plus jeune ; et de même [168d] pour toute chose qui, ayant la propriété de se rapporter à elle-même, devra avoir en elle ce à quoi elle a la propriété de se rapporter. Je m’explique, l’ouïe n’entend que la voix, n’est-il pas vrai ?

Oui.

Si donc elle doit s’entendre elle-même, il faut qu’elle ait une voix, car autrement elle ne peut entendre.

Cela est incontestable.

Et la vue, mon cher, s’il faut qu’elle se voie elle-même, devra aussi avoir une couleur, car la vue ne peut rien apercevoir [168e] qui soit sans couleur.

Certainement non.

Ainsi donc, Critias, par tous les exemples que nous venons de parcourir, il paraît impossible ou très peu croyable qu’une chose puisse avoir jamais la propriété de ne se rapporter