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mençons [167b] à examiner d’abord s’il est possible de savoir qu’un autre sait ou non ce qu’il sait et ne sait pas ; et ensuite, en supposant que cela soit possible, voyons à quoi il nous servirait de le savoir.

C’est ce qu’il faut chercher.

Viens donc, Critias, et tâche pour cela de trouver un meilleur parti que moi, car je n’en vois aucun. Mais veux-tu que je t’apprenne d’où vient mon embarras ?

Volontiers.

Si tout ce que tu as dit, est exact, la sagesse n’est-elle pas une science qui n’est la science d’autre chose [167c] que de soi-même et des autres sciences, et en même temps la science de l’ignorance ?

Oui.

Vois donc, mon ami, quelle chose singulière nous nous chargeons de défendre. Essaie de l’appliquer à d’autres objets, et tu ne croiras pas qu’elle soit possible.

Comment ! Socrate.

Par exemple, t’imagines-tu une vue qui ne verrait pas les objets qu’une autre vue aperçoit, mais qui ne verrait qu’elle-même et toute autre vue et même encore ce qui n’est pas vue ; qui enfin ne verrait [167d] aucune couleur, bien qu’elle soit une vue, et qui s’apercevrait elle-même ainsi