Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/319

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Voilà le mal, Socrate : de question en question, tu arrives à voir comment la sagesse se distingue des autres sciences, et cependant tu cherches à lui trouver une ressemblance avec elles ! Loin de là, [166c] toutes les autres sciences sont des sciences de quelque chose autre qu’elles-mêmes ; la sagesse seule est la science et d’elle-même et des autres sciences. Il s’en faut bien que cette distinction te soit échappée ; mais quoique tu l’aies nié tout-à-l’heure, je crois que tu le fais exprès pour me contredire, et que tu ne veux pas aborder le fond de la question.

Comment ? lui dis-je, peux-tu croire que, si en effet je te contredis, ce soit par un autre motif que celui qui me ferait m’interroger moi-même [166d] sévèrement en pareil cas, je veux dire, la crainte de croire savoir ce que pourtant je ne saurais pas ! Et je te l’assure, encore, je ne cherche ici à éclaircir cette question, que pour mon propre bien et celui peut-être de quelques bons amis. Car n’est-ce pas un profit commun à tous les hommes, que la vérité soit connue sur toutes choses ?

J’en suis persuadé, Socrate.

Eh bien ! donc, mon ami, courage ; réponds à mes questions, et dis ce qu’il t’en semble, sans regarder auquel restera la victoire de